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« De l’esprit de Candeur dans l’Art, Céleste Pedoux »

1942

Paul FRANCK

 

           « Je placerai le peintre Céleste Pedoux dans le plus grand secret des âmes délicates, entre un Henri Rousseau en peinture et un Francis Jammes en poésie.

 

            « Je placerai donc le peintre Céleste Pedoux entre le maître des « forêts exotiques » et celui de « l’Angélus à l’aube » ou du « Deuil des primevères ». Rousseau et Jammes aimaient la nature. Pedoux aime la nature comme tous les grands amoureux, une nature qui est en lui, pour lui, et en dehors de lui. Ses ciels, ses saisons, sa frémissante candeur, le soulèvent très haut parmi nos peintres actuels.

 

            « Vivant en dehors de toutes conventions, en dehors de ce tapage mesquin et inepte, Pedoux a le respect et la dignité de sa fraîche et tendre poésie.

 

            « Il ne s’avoue jamais vaincu devant la nature, mais il l’installe comme bon lui semble dans ses champs comme dans ses vergers, où ses fleurs éclaboussent de couleur.

 

            « Il y a plus encore que la couleur.

 

            « Dans ses toiles, il y a ce vent, cette atmosphère, cet espace sans limites qui libère la pâte sortant du tube, il y a cette assurance qui plonge le véritable amateur d’art dans un univers jamais égalé. Pedoux aime parler peinture avec un rameau d’olivier en main parce que, dans la tourmente actuelle, il existe encore un peintre avec des gestes de clémence.

 

            « Peintre sans prétention, l’œuvre de Pedoux se situe entre le bien et la malice, beaucoup plus vers le bien. La malice est chez lui un signe d’intelligence et d’intuition, qu’il peigne ses fleurs aux pivots mystérieux, ou ses graines gonflées de semences, ou bien encore ses maïs gravés en forme de cagoules, ces mondes-là sont séduisants dans les pétales et les calices.

 

            « Pedoux les aime parce qu’il est en verve quand il les transcrit sur la toile, ou les grave sur le zinc.

 

            « Sa façon de pincer les bourgeons, les attaches des feuilles ou la pigmentation des arbres semble pour lui un jeu d’une fine intelligence française.

 

            « La distinction de son coloris ou de son écriture, l’exactitude des objets tels que les feuilles, les branches, tout cela qui se situe même dans sa pâte lumineuse, a cette beauté du XVIIe au XVIIIe siècle.

 

            « Ses compositions, prises dans l’ordre subconscient, le dirigent très souvent vers les causes de la vie. Ses toiles « La Guerre et la Paix » ou bien « La Pesée » sortent d’une main fragile et cependant cruellement aiguisée.

 

            « C’est en tout cas dans ses paysages et ses fleurs que Pedoux se révèle authentique poète, plus encore parce qu’il se penche amoureusement vers la plénitude des végétations et des sites. Tel bouquet d’iris le mène droit vers une incantation délicieuse de tendresse et de fraicheur.

 

            « Tels paysages, « L’Automne » ou « L’Hiver », semblent tirés des régions ensoleillées du Midi.

 

            « C’est ainsi que Pedoux cherche la vie et la cache bien souvent dans un grand silence blanc.

 

            « Ce silence qui effraie les durs, les tièdes et les emmurés, ces silences qui glacent parce qu’ils ne hurlent pas et qu’ils restent comme de bons enfants bien sages, conscients de leur espiègleries.

 

            « Pedoux, nom volatil, parce que son art ne prend aucun détour, aucune couleur locale.

 

            « Parce que son art est fondé, avant toute chose, sur la splendeur du cœur et non sur l’aspect extérieur de la matière. Paul FRANCK. »

Franck & pedoux, (œuvre abstraite), encres de Chine sur papier, 180 x 135 mm, collection privée Fifi-Pedoux, 1951.

« Photographie de Céleste Pedoux ». Collection Fifi-Pedoux.

"Atelier de Céleste Pedoux", Embourg, collection privée Fifi-Pedoux.

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